n°33 - 09 décembre 2014


La médecine générale méprisée : c’est inacceptable !

Si les lois et les visages des décideurs rythment le temps qui passe, ce n’est pas le cas de la valeur des actes, quoi qu’en dise notre ministre de la Santé qui a tendance à tout mélanger.
- Les IK sont bloquées depuis 1996…bientôt 20 ans !
- La majoration de déplacement est bloquée depuis 2002 à 10 euros…12 ans déjà !
- Le forfait médecin traitant à 5 euros !
- Quant au C, il est à 23 euros depuis 2011 et la visite à 33 euros est inadaptée à la réalité du temps passé auprès des patients.
C’est la réalité des chiffres. C’est certainement encore trop pour ceux qui considèrent que la médecine générale ne sert à rien.
A rien ? Sauf à assurer 80 % des urgences (pour 3 fois moins cher qu’une prise en charge hospitalière). Sauf à rencontrer chaque assuré social malade en moyenne 5 fois par an. Sauf à assurer le suivi à domicile des malades chroniques, des patients Alzheimer ou en fin de vie avec l’aide des soignants de proximité que sont les infirmier(e)s, kinés et pharmaciens.
Reste que notre efficacité et notre engagement sont remerciés : par des poursuites sur les indemnités journalières ; par des obligations administratives portant sur la mention NS (non substituable) ; par la guerre du non substituable engagées, par les caisses d'assurance maladie.
La capacité des médecins généralistes à s’adapter, leur proximité avec leurs patients, leur efficacité sont insupportables pour ceux qui nous rendent coupables du déficit abyssal de la Sécu. Une sécurité sociale rendue exsangue par l’incurie des politiques de santé, de droite ou de gauche, comme par la remise en cause systématique de la protection sociale paritaire au profit d’une version étatisée de la santé.

Autant de raisons, ajoutées à d’autres, pour se mobiliser cette fin d’année.
Mettons-nous en grève le 23 décembre 2014 et le 6 janvier 2015.

Gilles Perrin

Politique de Santé


-------- La mutualité française dévoile

Dans un communiqué récent à l’intention du nouveau directeur général de la CNAMTS, la Mutualité Française fait part de ses grands axes de négociation, arguant du fait que les mutuelles sont des acteurs incontournables du système de soins. Elle propose de négocier avec les professionnels de santé pour réguler les dépenses, de récupérer les données de santé pour mieux apprécier le risque et de confier la gestion du tiers payant aux mutuelles.
Etienne Caniard, président de la FNMF, va vite en besogne, en oubliant au passage que les professionnels de santé ne veulent pas d’un tiers payant généralisé obligatoire et rendu complexe par la multiplicité des complémentaires. Il omet de dire que les généralistes sont les principaux producteurs de données de santé de plus en plus structurées et qu’ils ne se laisseront pas déposséder de ces dernières.


sa stratégie pour la santé ---------------

Ignore-t-il par ailleurs que le déficit de la sécurité sociale provient aujourd’hui davantage d’un manque de recettes que d’un dérapage des dépenses, en tout cas pour la médecine de ville ?
Dans le monde rêvé de Mr Caniard, les médecins, intégrés et salariés dans des réseaux de soins mutualistes produiraient des données de santé pour le plus grand bénéfice des mutuelles.
Nous ne voulons pas de ce monde où la santé serait un « produit » aux mains des entreprises d’assurances engagées dans les complémentaires santé.
Nous défendons un système de soins solidaire et géré paritairement par les professionnels et les autres partenaires.

J-C Calmes

Profession


-------------------- La médecine générale

La médecine générale va bénéficier d'une sous-section au sein du Conseil national des universités. La mesure était attendue de longue date.
47 titulaires universitaires, 200 enseignants associés et plus de 7000 maîtres de stage des universités encadrent plus de 14000 internes et de très nombreux étudiants des deux premiers cycles. Des effectifs encore très insuffisants, note le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) pour qui la médecine générale universitaire attendait d’être reconnue à l’instar des autres spécialités universitaires. "Cette reconnaissance était d’autant plus nécessaire qu’il s’agit de la spécialité médicale des soins primaires et du premier recours, spécifique et essentielle", note à cet égard le Pr. Vincent Renard, généraliste et président du CNGE.


reconnue à l'université -------------------

"Cette décision ouvre enfin la possibilité à la médecine générale d’édicter ses propres critères d’excellence en termes de soins, d’enseignement et de recherche pour sélectionner ses pairs", ajoute ce dernier. "Elle annonce la reconnaissance pleine et entière des professionnels de la discipline au même rang que tous les autres spécialistes. "

Il reste encore à la ministre de la Santé à mettre en cohérence cette nouvelle mesure avec  une orientation plus marqué du fonctionnement du système de santé vers les soins primaires, qui est plus que jamais attendue par les médecins généralistes.

Bernard Plédran

Métier


------ Madame Rossignol ne joue pas

La Secrétaire d’État aux personnes âgées a récemment déclaré devant une assemblée de médecins coordonateurs en EHPAD, que le rôle des médecins traitants devrait être minimisé dans les établissements. Elle propose d’étendre les compétences réglementaires des médecins coordonnateurs pour évincer les médecins généralistes des EHPAD !
Elle propose aussi que les médecins coordonnateurs se mettent en lien avec les gériatres hospitaliers pour régler les problèmes à distance. Cette vision porte une triple négation :

• du rôle des médecins généralistes : pourtant ce sont eux qui font 90 % de la gériatrie en France (source SNIIRAM, oct. 2014).


la bonne partition ------------------------

• du libre choix du soignant par le malade : Madame Rossignol est-elle fondée à décider que le médecin traitant n’est plus utile à une patiente suivie chez elle depuis des années, du jour où elle entre en EHPAD ?
• de l’efficacité des médecins généralistes en EHPAD

La vision véhiculée par la secrétaire d’Etat est totalement irréaliste : quel médecin coordonateur acceptera de prendre seul en charge, 24h/24, les 100 pensionnaires de l’EHPAD, même avec l’aide, en téléconférence, du gériatre du secteur !
Les propos de Madame Rossignol traduisent une totale méconnaissance de la place des médecins généralistes traitants dans les EHPAD et un mépris certain de leur rôle.

J-C Nogrette

Pratique


Nomenclature CCAM...ou usine à gaz ?

Pourquoi faire simple quand on peut faire (encore plus) compliqué !

Depuis quelques mois, la cotation de certains actes de CCAM était déjà assez ubuesque avec l'ajout de majorateurs (X,O,I,9...) dont le tarif variable tous les 8 mois décourageait souvent les plus téméraires. Ainsi, de nombreux médecins sous-cotaient leurs actes par dépit.

Au 1er janvier, ces modificateurs vont disparaître et nous allons voir apparaître des codes, certes majorés.... mais uniquement pour les médecins en secteur 1 ou en CAS (contrat d'accès aux soins), les autres médecins restant au tarif antérieur. Il y aura donc probablement deux tables de nomenclature selon le secteur conventionnel ! Nous souhaitons bon courage aux éditeurs pour implémenter ces usines à gaz, et cela va retarder encore un peu plus les améliorations des autres fonctionnalités des logiciels médicaux. Bien sûr MG France vous donnera sur son site les nouveaux montants des actes de base comme ECG, frottis, sutures .....le 1er janvier prochain.

Gilles Perrin

 

 

 

Site du Jour
Cormedal, un outil pour les professionnels de santé qui regroupe tout ce qui concerne la sécurité et l’alerte sanitaire au sens large. Développé par L’URPS Médecin Libéraux du Languedoc-Roussillon, il est mis gratuitement à disposition auprès des professionnels de santé.


Pas de vaccination sans coordination par un médecin généraliste !

Il faut savoir tirer des expériences du passé. Ce que semble ne pas vouloir accepter le ministère de la santé : la vaccination antigrippale de cette année fait encore un flop !

Grâce au gouvernement, votre patient peut être vacciné par le pharmacien ou par la préparatrice en pharmacie. Dans quel lieu de confidentialité à l’officine ? Entre deux cartons dans le réduit derrière la banque ? Devant tout le monde ?

Arrêtons ce grand n’importe quoi. Chacun son métier et les patients seront bien vaccinés.

La campagne de vaccination contre la grippe H1N1 qui a, en son temps, fait l’impasse sur les médecins traitants des patients, aurait dû mettre la puce à l’oreille du gouvernement !

Les patients ont confiance en leur médecin traitant, ils le connaissent ils l’ont choisi à 95% de « j’aime ! »

Le médecin traitant est incontournable pour des patients bien soignés, un dossier médical coordonné et une santé publique de qualité.

Combien de fois faudra-t-il le répéter ?

Isabelle Leclair

 

Chiffre du jour

Sous-exécution de l'ONDAM :
Sur la somme de 1,7 milliard d'euros économisés en 2013 sur l'objectif national de dépenses d'assurance-maladie, 141 millions ont été "dégelés", c'est à dire rendus aux hôpitaux et cliniques qui, selon la ministre de la Santé, "ont joué le jeu". Les médecins généralistes l'ont également joué et ont "sous-exécuté" leur ONDAM de quelque 800 millions d'euros. Ils n'ont rien reçu en retour, alors qu'ils ont aussi "joué le jeu" !



N'hésitez pas à adhérer à MG France,
le seul syndicat des médecins généralistes