n° 29 - 03 octobre 2014


Les raisons de la colère

« Dans l'âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines », nous dit Steinbeck. Les raisins de la colère sont murs chez les médecins. Botrytisés même nous diraient nos confrères bordelais.

Depuis des mois, MG France se bat pour une réforme du système de soins qui place le médecin généraliste et son patient au centre d’un système coordonné et générateur d’économies.

Ce qui a si bien réussi au Canada - pays où du fait des économies réalisées les généralistes ont vu leurs revenus augmenter de façon substantielle - ne serait-il pas possible en France ?

La lecture du projet de loi de Santé qui consacre le dépeçage de la médecine générale répond à la question.

Quel avenir réserve-t-on à une profession à qui l’on refuse les moyens de s’organiser ? Quelles perspectives peut avoir une profession étouffée de tracasseries administratives, qui compte un enseignant universitaire pour 103 étudiants (au lieu d’un pour 10 pour les autres spécialités), dont la valeur de l’acte est bloquée à 23 euros - contre 25 à 28 euros pour les autres spécialités -, et à laquelle on propose de venir en aide en transférant ses tâches vers d’autres professionnels de santé !

À défaut d’un changement de cap radical, le cru médical 2014 risque d’être amer pour nos tutelles.

J-C Calmes

Politique de Santé


--------------------- Médecine générale :

En 2004, la médecine générale accède enfin au rang de spécialité médicale, avec la création d’un DES d’une durée de 3 ans après l’externat. La fin d’une non-reconnaissance, croyait-on ! Depuis bien plus de 10 ans, les médecins généralistes sont formés à une prise en charge centrée sur le patient, et pas seulement sur la maladie.

En 10 ans :

- MG France a obtenu la cotation Cs pour les médecins généralistes. Reconnaissance symbolique. Mais la valeur de l’acte du généraliste ne passe pas pour autant à 25 euros.

- Les majorations  associées au Cs ont été accordées à toutes les autres spécialités cliniques (MCG et MPC), qui portent la consultation à 25 ou 28 euros. Pour toutes, sauf pour la médecine générale.

- Le ratio de chefs de clinique en médecine générale pour former les internes et participer à la recherche en médecine générale est dérisoire (1 chef pour 103 internes), soit le plus bas de toutes les spécialités.

 


10 ans de spécialité pour quoi ? ------

- Les forfaits nécessaires à la rémunération des temps de travail hors consultation ont une valeur ridicule : 5 euros pour le médecin traitant, 40 euro pour l’ALD bloqué depuis 2005.

- La loi HPST de 2009, qui a fixé les missions du médecin généraliste, ne lui a donné aucun moyen. Pas de moyen financiers pour des consultations de prévention dédiée, pas de rémunération des temps de synthèse, pas de valorisation du travail en équipe visant à réduire les inégalités sociales de santé, pas d’aide au temps informatique nécessaire  pour le repérage des patients à dépister dans notre patientèle, etc...

Ne nous étonnons pas de voir aujourd’hui les jeunes confrères hésiter à s’engager dans le métier !

10 ans après avoir accédé au rang de spécialité, notre discipline est menacée. Il est temps que la loi de Santé trace de nouveaux caps pour la médecine du premier recours.

Teddy Bourdet

Profession


------------------------ La visite en 2014 :

La visite en 2014, c’est toujours ceinture et bretelle pour la médecine générale. C’est également toujours au même montant pour des prises en charge complexes lourdes, pluridisciplinaire. De même, rien de plus pour prendre en charge des patients grabataires, en fin de vie, atteints de polypathologiques.

Il est urgent de revaloriser cet acte et de généraliser toutes les visites du médecin généraliste à  56 euros, sans quoi l’équité devant l’accès aux soins reculera encore d’avantage. Sans compter que, sans visite, le maintien à domicile est voué à l’échec et que tous les plans cancer, ou plan fin de vie, ou…ne fonctionneront pas.


elle doit être à 56 euros ! ---------------

Pour tous ces patients qui ne peuvent pas venir dans nos cabinets, nous demandons la généralisation de la visite à 56 euros.

Florence Lapica


Cotation du mois

Pour les malades qui présentent une maladie neuro-dégénérative, une fois par an et aussi chaque fois que l’évolution  de l’état de santé du patient nécessite de refaire le point avec l’entourage, vous pouvez coter : VL+MD= 46+10 = 56 euros

Et /ou pour un test d'évaluation de la dépression par échelle de Hamilton ( max 1/an ) ALQP 003 = 69,12 Euros

Métier


--------------- Prescription de statines :

La primo-prescription de certains hypolipémiants va être mise sous accord préalable à compter du premier novembre. Faut-il s’en émouvoir ?

Crestor®, Ezetrol® et Inegy® sont concernés. Ces médicaments ne sont pas indispensables et sont très couteux pour le peu d’avantages qu’ils apportent (le Crestor° a une ASMR de niveau V, c'est-à-dire pas d’amélioration du service médical rendu). Leur prescription trop large entraine une dépense importante sans amélioration de la santé de la population.

Bonne décision, donc ? Non, car le principe de prescription restreinte est une mauvaise réponse à ce vrai problème. La liberté de prescrire n’existe plus dans les faits, quand on dérembourse un médicament ou quand on en restreint la prescription.


encore une usine à gaz ! ---------------

Cette liberté est pourtant une des garanties que nous donnons à nos patients de les soigner au mieux

Qui fixe en France le prix des médicaments ? L’État!

Qui décide de ces mesures de restriction : l’Assurance-maladie (un peu l’Etat de nos jours…)

Que font les généralistes : ce qu’ils peuvent, comme d’habitude.

Si les prix des médicaments reposaient sur la réalité industrielle et la réalité de leur utilité, croyez-vous que les autorités auraient à faire ces contorsions réglementaires ?

Les médecins généralistes n’ont certainement pas à subir ces complexités supplémentaires pour éviter à l’Etat de prendre vraiment ses responsabilités !

J-C Nogrette

Pratique


La cotation MCG, une cotation méconnue - acte 1 -

Peu de médecins généralistes cotent la majoration MCG, car les conditions imposées par la convention médicale sont souvent méconnues et d'interprétation peu évidente.

Prenons un cas précis: par ex Mme B habite Brest et vient passer quelques jours chez sa fille à Perpignan. Pendant ce séjour, elle consulte un généraliste à Perpignan pour une bronchite.

Celui-ci la soigne : il est donc hors parcours (pas de lettre du médecin traitant) et hors département. S'il fait un retour d'info au médecin traitant (petite lettre, mail, tel….) il peut alors coter

C+MCG (+MTH*) = 26 €.

La cotation MCG (Majoration de Coordination Généraliste, de 3 euros) rémunère la coordination entre les 2 généralistes. Et ceci même si le patient n'est pas adressé. Car il se trouve "hors résidence habituelle", ce qui dispense d'une lettre d'envoi. C'est aussi la seule fois où la coordination entre médecins est payée. Alors autant coter ce rare MCG…. au vu de tous les courriers que  nous faisons gratuitement.

Cette MCG est applicable aux consultations des patients à partir de 16 ans ayant choisi un médecin traitant, et peut être pratiquée en 1/3 payant. Elle est réservé aux généralistes en secteur 1 et en secteur 2 ayant signé le Contrat d’Accès aux Soins (si pas de CAS, le secteur 2 ne peut coter que pour les CMU en tarif opposable).

Dans la prochaine lettre, nous aborderons le cas d'une consultation d'un généraliste effectuée dans le même département que le médecin traitant. A suivre donc !

Gilles Perrin

 

 

Chiffre du jour 

Démographie médicale : - 8,5 % de médecins généralistes entre 2005 et 2013 (CNAM/CNOM)


Retraites : attention à la date du 1/1/2015

Vous avez atteint l'âge légal de la retraite. Si vous avez effectué une activité salariée et libérale et si vous souhaitez en continuer une des deux, après avoir pris votre retraite dans un des deux régimes faites vite ! Au -delà du 1er janvier 2015, vous serez obligé de tout solder en même temps : retraite libérale et salariée, donc vous ne pourrez acquérir des droits supplémentaires !

Exemple: vous êtes né en 1952 vous avez 62 ans : vous avez été salarié 20 ans dans une EHPAD .Vous ne faites plus que du libéral et vous voulez continuer le cabinet jusqu'à 65 ans. Prenez vite votre retraite de salarié avant le 1er janvier 2015. Ainsi vous toucherez votre retraite de salarié et exercerez en même temps en libéral en acquérant encore des droits à la CARMF. Au-delà du 1er janvier 2015, ce ne sera plus possible . Vous ne toucherez votre retraite de salarié que lorsque vous aurez pris votre retraite de libéral!

Pour tout renseignement complémentaire, contactez MG France.

Majoration de la RCP : pas chez le généraliste !

Médecin généraliste, vous avez certainement été contacté par votre assurance pour préciser les actes techniques que vous pratiquez. Dans l’affirmative, vous avez reçu une majoration de votre assurance pour responsabilité civile professionnelle (RCP).

N’hésitez pas à vous rapprocher de MG France qui a négocié un contrat de groupe, de 21 euros par mois et qui couvre sans surprime tous les actes effectués par les généralistes, dont les poses de stérilet ou d'implants, les infiltrations.

Isabelle Leclair

 

 

Site du jour 

Généralistes en France : un site réalisé par des médecins généralistes et qui traite de sujet commun à la profession avec une ouverture vers les patients sur des sujets de santé publique.

 



N'hésitez pas à adhérer à MG France,
le seul syndicat des médecins généralistes