n°18 - février 2014


V à 56 euros ? Nous signons et persistons !

Certains s’étonnent, voire se gaussent du fait que MG France demande le passage du tarif de la visite à domicile de 33 à 56 euros. Même si habituellement on ne bouge les tarifs des lettres-clés que de 1 ou 2 euro(s), cette demande de MG France est logique car une visite au domicile d’un patient c’est toujours long et toujours compliqué.

C’est toujours long, car depuis l’apparition de la MD (Majoration Déplacement), il n’y a plus de « petites visites ». Pour ces patients qui justifient encore le passage à domicile de leur médecin, il y a beaucoup de choses à faire en général, en coordination avec les autres intervenants.

C’est toujours compliqué, car ces patients visités sont souvent poly-pathologiques et peu autonomes, et demandent donc une attention plus accrue et davantage d’encadrement.

Au total, la durée de l’acte à domicile est souvent multipliée par deux. C’est pourquoi MG France demande un alignement de toutes les visites sur la VL à 56 euros qui doit se généraliser et pouvoir être cotée à chaque déplacement (y compris en EHPAD).

Enfin, il ne faut pas oublier l’absence de revalorisation de la MD et des IK (Indemnités Kilométriques) depuis plus de 10 ans…. et le blocage du barème fiscal des IK à 7 CV fiscaux ! La visite actuelle à 33 euros fait donc peut-être même perdre de l’argent à de nombreux médecins qui, « en gestionnaires » de leur activité libérale, s’en détournent de plus en plus.

Il convient donc de remettre en place un tarif « incitatif et plus réaliste ». Bien sûr, il sera cumulé avec le forfait MT et la MPA, car même à 56 euros le tarif horaire n'est pas excessif !

Gilles Perrin
Généraliste à Grenoble (38)

Politique de Santé


Stratégie Nationale de Santé:

Plus de 150 débats régionaux, organisés en 4 mois dans toute la France à l’initiative de la ministre de la Santé, vont «alimenter la réflexion sur la stratégie nationale de santé». Mais qui va les digérer ? Un des 3 axes de cette stratégie nationale propose «la révolution du premier recours» avec égalité d’accès aux soins. Un thème qui nous intéresse directement, nous spécialistes de médecine générale et du premier recours...

Les agences régionales de santé (ARS) organisent jusqu’à fin février des débats sur la médecine de proximité, la prévention, la santé mentale, les soins aux personnes handicapées... Les thèmes sont variés, les intervenants hétéroclites... Lors de ces rencontres, les participants peuvent donner leur point de vue, faire part de leurs attentes et préoccupations. Mais qui sont ces participants ? Représentent-ils toute la population française ? Ou seulement quelques «élites» ? Des groupes de réflexion ? La frange de la population ayant le plus besoin de soins et du premier recours a-t-elle pu y faire entendre sa voix ? Difficile d’imaginer une égalité d’accès à ces «débats».


des débats pour faire quoi ?

Quant aux réflexions partagées, elle sont parfois contradictoires (évidemment, c’est un débat !). Et qu’en disent les ARS ? Elles assurent  «faire remonter ces informations». Mais qui fait la synthèse ? A qui sont adressées ces synthèses ?

La ministre de la santé n’a-t-elle pas déjà une idée précise de ce qu’est la stratégie nationale de santé avant même ces concertations ? Nombre de rapports et d’auditions ont déjà été menés sur le sujet dans le passé (rapport du Haut Conseil de la Santé publique avec Thierry Lang sur les inégalités sociales de santé, rapport sur les maisons et pôles de santé, rapport Hubert sur la médecine de proximité,...). Sans oublier le rapport Cordier de juin dernier qui formule 19 propositions pour la stratégie nationale de santé !

Les syndicats et associations ont également déjà été consultés pour ce rapport. MG France a fait valoir ses propositions en s’appuyant sur les actions de terrain et a été entendu !

Nous invitons la ministre de la Santé à utiliser le rapport Cordier. Investissez sur les soins ambulatoires pour une médecine générale accessible et efficiente avec une recherche de qualité ! Trop de rapports ont été remis, puis vite oubliés. Place désormais à la «démocratie sanitaire» dans ces débats. Mais certainement pas pour enterrer les propositions de terrain.

Teddy Bourdet
Généraliste à Beaulieu sous la Roche (85)

Profession


Menace sur la médecine

EBM, « evidence based medicine » , la médecine fondée sur la preuve… Cet acronyme que nous voyons de plus en plus souvent est l’étendard d’un mouvement visant à rendre notre métier plus scientifique. À l’avis d’experts, aux impressions, à nos croyances - n’ayons pas peur des mots -, il s’agit de substituer une action réfléchie, une démarche objective.

Certains se rebellent contre cette vision des choses, la trouvant trop normative et inadaptée aux sables mouvants de l’humanité. Mais hélas, cette EBM est menacée par un mal bien plus grave.

Quand on étudie un sujet médical, on est confronté à l’extrême variabilité du vivant. Une étude ne saurait suffire. Il faut plusieurs études convergentes, contrôlées et de méthodologie correcte pour pouvoir affirmer qu’un résultat est valide et mérite le statut de preuve. Nous savons tous cela.

Or, quand on mène ces études, on s’aperçoit qu’il est finalement rare que la preuve soit évidente. On n’obtient pas de résultats franchement positifs ou négatifs, mais des tendances qui se dégagent.

Cette situation nécessite que les chercheurs soient d’une grande rigueur et d’une haute exigence morale. Quand deux études disent oui et huit disent non, que conclure ? Au moins qu’il y a un gros doute, n’est-ce pas ?


fondée sur la preuve ?

Ici intervient le biais de non publication. Si on ne publie que les deux études disant oui et que l’on cache les huit autres, on publie un résultat positif.

Hélas, cette situation se produit parfois, notamment quand de gros intérêts commerciaux et financiers sont en jeu. Ainsi les scandales de type « Vioxx » deviennent-ils possibles.

Il existe un remède : qu’une étude ne soit publiable que si elle a été préalablement déclarée et enregistrée par les autorités de santé. Ainsi, ces autorités seraient-elles fondées à demander ce que sont devenues les huit études non publiées de notre exemple.

Sans ce garde-fou, les comités scientifiques des grandes revues internationales et les « méta-analyses » dont on nous rebat les oreilles ne sont pas une garantie suffisante que les résultats publiés soient de vrais repères pour la pratique médicale.

Nos institutions, Haute Autorité de Santé et Agence Nationale de Sécurité du Médicament, ne devraient-elles pas s’intéresser un peu plus à ces questions avant de nous faire des recommandations ?

Jean-Christophe NOGRETTE
Généraliste à Feytiat (87)

Métier


Un médecin traitant pour l’enfant dès cette année

Les enfants sont bien au cœur des consultations chez le médecin généraliste.

Les 12 millions d’enfants de moins de 16 ans recensés en France métropolitaine consultent à 5 % uniquement le pédiatre, à 40 % uniquement le généraliste, et pour 55 % les deux.

Plus encore : 88 % des enfants consultent un généraliste dans le cadre d'un suivi régulier.

Le médecin traitant de l’enfant apparaît indispensable pour une meilleure transmission des informations entre le médecin traitant, la PMI, le médecin scolaire et les autres spécialistes. Il devient urgent de reconnaître le médecin traitant identifié comme l’interlocuteur clé dans la prise en charge des pathologies chroniques de l’enfant ou dans la communication ville-hôpital. 

En outre, l’existence d’un médecin traitant prend toute son importance dans le suivi pédiatrique au long cours, du suivi des vaccinations au dépistage des troubles d’apprentissage, en passant par le suivi des patients en surcharge pondérale.

Le médecin traitant de l’enfant doit être instauré en 2014. Il s’agit de la suite logique de ce que nous faisons déjà au quotidien en vue de l’amélioration du suivi des enfants.

MG France organisera le 22 mai 2014 un colloque "Le médecin généraliste pour la santé de l'enfant" à la Bellevilloise (Paris 20ème).

Florence Lapica
Généraliste à Lyon (69)


Les médecins généralistes sont-ils des incapables ?

La DGS relève, parait-il, de l’autorité de notre ministre de la Santé qui place, rappelons-le, le médecin généraliste au coeur de la stratégie nationale de santé. La même DGS suggère par courrier à la HAS, qui confirme, de réserver la prescription de nalméfène aux addictologues et médecins exerçant en centre spécialisé ou à l’hôpital. Ce au motif que les médecins généralistes seraient incapables d’assurer le suivi médico-social des malades !

Rappelons que parce qu’ils sont le socle de la médecine de proximité, les médecins généralistes gèrent depuis longtemps de nombreux patients victimes d’addiction.

Soulignons également à la DGS que la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT), sous l’autorité du Premier ministre, place le médecin traitant au cœur de la prise en charge.

Prétendre que les médecins généralistes sont incapables d’assurer un suivi médico-social relève d’une méconnaissance profonde de nos compétences et conditions d’exercice.

Cette lettre émanant du ministère de la Santé nous montre une fois de plus le peu de cas qui est fait de nos compétences dans les allées du pouvoir.

Jean-Christophe Calmes
Généraliste à Frontignan (34)

Pratique


ROSP 2014 en pratique :

N’oubliez pas de renseigner les items sur ESPACE PRO avant le 28 février 2014.

Vous trouverez sur le site de MG France une vidéo ROSP Mode d'emploi.

Pour optimiser votre rémunération une nouveauté : renseignez les horaires d’ouverture de votre cabinet.

Pour renseigner correctement vos items

Comme en 2013, certaines données sont remplies par avance par la CPAM. Contrôlez leur véracité  et faites-nous connaitre les anomalies que vous constatez services@mg-france.fr  Les recours groupés sont plus efficaces qu’un recours isolé d’un médecin !

D’autres données sont déclaratives et à remplir par vous-même : le nombre de patients diabétiques et hypertendus du régime général peut vous être fournis par les DAM de la CPAM.


Si toutefois vous ne l’avez pas fait en 2013

Envoyez la facture de votre logiciel métier de suivi des patients ainsi que la facture de votre logiciel d’aide à la prescription à l’adresse mail suivante (remplacer « département » par le « nom » de votre département) : rosp@cpam-departement.cnamts.fr. Ces documents justificatifs sont à signer et tamponner si votre nom n' est pas visible sur la facture (SCM).


quelles données remplir ?

De nombreux points restent à éclaircir sur nos revalorisations 2013, mais ne laissez pas passer ce qui existe. MG France exige plus de limpidité et des listes détaillées de l’ensemble de nos rémunérations forfaitaires.

Nous vous tiendrons bien sûr informés de tout changement relatif au ROSP.

MG France se tient à votre disposition pour répondre à vos questions sur la version 2014 du ROSP.

Florence Lapica
Généraliste à Lyon (69)

 

Chiffre du jour

A la tribune de l’Assemblée Nationale, Bernard Cazeneuve, ministre du budget, s’est félicité, au mois de janvier, de la sous-exécution de l’ONDAM 2013 qui a permis à l’assurance-maladie d’économiser 1 milliard d’euros. Dans les faits, c’est 1,7 milliard d’euros d’économies qui a été réalisé. En effet, l’ONDAM 2013 avait été basé sur le résultat 2012 et non sur l’objectif voté. Or, à la fin de l’exercice 2012, il s’est avéré que 700 millions d’euros n’avaient pas été consommés. Cet argent peut être utilement réinvesti dans la médecine de proximité !

 

Site du Jour

Sur le site de la Sécu, AMELI, vous pouvez commander un appareil à tension. Au milieu de la page de l’Espace Pro, apparaît un cadre indiquant « commandez votre tensiomètre. »



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