Madame la Ministre, faites de la politique, pas de la gestion !
La ministre des Affaires sociales et de la Santé
est venue au 6ème congrès national de MG France, signifiant l’importance
qu’elle accorde au syndicat des généralistes. Mais a-t-elle vraiment
fait un discours de ministre ? J’ai eu l’impression que le message
politique était surtout porté par MG France dont le président, Claude
Leicher, a pu dire : «les investissements d’aujourd’hui sont les
économies de demain».
Je rentre du congrès de MG France remonté comme
une pendule ! Et enthousiaste ! Je sais que la politique de
santé de demain s’est aussi écrite à Marseille. Parce que les idées de
MG France sont reprises par tous : politiques, économistes,
décideurs à tous les niveaux. Et surtout parce que ses idées sont
reprises par les jeunes et futurs médecins venus au rendez-vous, plein
d’idées, d’exigences et animés de la volonté de faire avancer les
choses.
Mais la pesanteur des politiques subsiste pour ne
pas faire avancer les choses. Les problèmes sont sous nos yeux, dans
nos campagnes, dans nos villes. Les solutions, pour en régler quelques
uns, sont connues. Mais au lieu de canaliser les énergies positives, de
généraliser les bonnes idées, les politiques sont sans arrêt le pied sur
les freins. C’est pénible.
Aussi, invitons la Ministre à ne pas faire
siennes les paroles d’Albert Camus : «La société politique
contemporaine : une machine à désespérer les hommes». Arrêtons les
louvoiements. Madame la ministre, faites de la politique !
Bernard Plédran Généraliste à Bordeaux (33)
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Politique de Santé
A quand une véritable organisation
Le 23
septembre dernier, Mme Marisol Touraine, Ministre de la Santé, a dévoilé
les grands axes de sa stratégie nationale de santé. Les soins primaires
sont enfin considérés comme une priorité. La ministre l’a rappelé à
Marseille, le 22 novembre au congrès de MG France. La réorganisation du
système de santé autour du médecin traitant serait (enfin) d’actualité.
Tout serait donc gagné ? Sûrement pas.
Le gouvernement doit à présent passer à l’acte.
Il faut rémunérer le médecin généraliste traitant pour toutes ses
actions de prévention. Ce dernier doit devenir le médecin traitant de
l’enfant. Il faut pérenniser les nouveaux modes de rémunération
(NMR), étendre la rémunération sur objectif de santé publique (ROSP) à
d’autres thématiques de santé publique et faire évoluer certains items
existants peu pertinents.
Le gouvernement doit également confirmer la
rémunération du travail en équipe : il faut rémunérer le travail de
coopération et le temps de coordination passé avec les autres
professionnels de santé.
Si l’on veut opérer une «révolution des soins
primaires», comme l’avance la ministre, il faut reconnaitre le rôle et
la place du médecin traitant au centre du système de soins.
Un système où chacun garderait sa place,
l'hôpital jouant son rôle dans les avis spécialisés de second ou
troisième recours indispensables aux malades.
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des soins primaires ?
Le médecin généraliste
traitant, maillon initial du système, doit être accessible par tous les
résidents du pays, sans exclusion. Il doit aussi être assuré du paiement
de ses honoraires, d’un paiement à la hauteur de toutes les tâches
qu’il assure et qui lui sont demandées.
Le gouvernement doit tout autant passer à l’acte
pour la filière universitaire de médecine générale (FUMG), qui attend
des moyens dans les 2e et 3e cycle, et que l’on débloque le cursus des chefs de clinique.
Les médecins généralistes traitants attendent une
réelle valorisation des modes d’exercice de la médecine générale, qui
ne pourront pas se faire sur le seul « modèle » de la maison
de santé pluri-professionnelle (MSP). Il est plus que temps d’augmenter
les rémunérations par patient pris en charge.
Il faut, sans tarder, organiser le système de
soins. Il faut mettre en place une réforme de grande envergure qui
trouve sa traduction dans la future loi de santé publique. Pour attirer
les jeunes médecins, très préoccupés par l’organisation même de leur
métier, une modernisation de la profession est nécessaire.
Madame la ministre de la Santé, les
généralistes et de nombreux patients attendent que vous passiez à l’acte
dans votre volonté de rénover la santé.
Florence Lapica Généraliste à Lyon (69)
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Profession
Burn out : des causes multiples
C’est une réalité. Nous sommes nombreux à être « burn-outés ». De nombreux articles récents
le confirment. Au-delà du constat, l’étude des causes de ce mal est
intéressante. Il y a d’abord la charge de travail, épuisante et en
augmentation constante avec la gestion de situations de plus en plus
complexes induisant une pression quotidienne régulière et qui peut se
résumer à cette question : Comment dire non à son patient ?
Il y a ensuite la relation
médecin/patient. Il devient nécessaire d'éduquer les patients pour
limiter les motifs de consultation de plus en plus nombreux pour une
seule consultation mais aussi pour endiguer les débordements.
Il y a enfin les contraintes
administratives avec de multiples certificats, formulaires (tous
urgents) et une administration tatillonne et au mieux malhabile dans ses
courriers (vous avez perçu indûment...vous avez prescrit indûment,
etc.)
Le projet de réforme du système de
santé en cours, s’il voit le jour, peut être pour nous une opportunité
de sortir la tête de l’eau. Pour remédier à ce mal qui nous guette tous,
il existe des pistes à creuser :
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et des remèdes difficiles
- Promouvoir le travail en équipe (que celui-ci se fasse au travers d’un regroupement ou par de simples échanges)
- Favoriser le dialogue interprofessionnel, simplifier l’administratif
(et bien sûr le tiers payant), améliorer notre rétribution avec de
nouveaux modes de rémunération,
- Inciter et faciliter l’installation libérale des jeunes médecins
généralistes, améliorer la protection sociale des médecins installés,
- Généraliser le secrétariat au travers d’un forfait structure
- Pérenniser la formation médicale continue présentielle.
Autant de pistes à ne pas négliger en
attendant ces transformations nécessaires, certaines structures peuvent
aider les médecins épuisés. Ce sont notamment, l’AAPML ou l’APSS.
L’Ordre des médecins en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées proposent
des services d’écoute et de conseil au travers de l’association MOTS, En Rhône-Alpes existe le réseau ASRA. En Champagne-Ardennes, l’association «Paroles de professionnels».
Jean-Christophe Calmes Généraliste à Frontignan (34)
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Métier
Le DMP : pour qui, pour quoi faire,
L’histoire
remonte au début des années 90 quand l’Assurance-Maladie étudiait la
dématérialisation des feuilles de soins. Il s’en suivit la création de
la carte Vitale et de la télé transmission. Ce système ne transmettait
alors que des données administratives. À partir de 2009 vous avez
remarqué un nouveau logo sur vos CPS (carte de professionnel de santé) :
« ASIP-Santé » (agence des systèmes d’information partagée de
santé).
L’ASIP, agence d’Etat, est créée en 2009.
Ses missions concernent le pilotage et le développement de l’échange
d’informations en santé. Elle reprend notamment les missions du GIE
Sésam-Vitale, crée le RPPS (répertoire partagé des professionnels de
santé), ouvre en 2011 le DMP (dossier médical partagé) et met en place
actuellement la MSSanté (messagerie sécurisée pour la santé). Cette
dernière doit nous permettre d’échanger des informations de façon sûre
(identité des correspondants) et confidentielle (protection contre le
vol des données transmises).
Bien entendu, toute cette trajectoire se
fait avec un minimum de concertation. L’Etat sait. Il fait pour nous.
Les éditeurs de logiciels métier ont à peine été consultés. On leur a
dit quoi faire pour « être compatibles ». Les solutions de
messagerie sécurisée - comme Apicrypt que beaucoup connaissent -, sont
ignorées. L’ASIP Santé développe son système de MSSanté et charge aux
autres de se rendre compatibles. Pour Apicrypt, la chose est assez
justifiée, car la sûreté des échanges semble fragile.
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pour quel coût ?
Le DMP, quant à
lui, demeure l’exemple type de ce qu’il ne faut pas faire. Pensé au
début des années 2000, il est officiellement développé à partir de 2005,
à titre expérimental. Il n’est vraiment « ouvert » qu’en
2011, après avoir été repris en 2009 par l’ASIP. Aucune concertation sur
son utilisation. Pas de hiérarchisation de l’information. Les
malformations congénitales de ce DMP sont graves.
Malgré la pression des autorités, à la
mi-novembre 2013, plus de la moitié des DMP ouverts sont vides. Ceux qui
ne le sont pas ne contiennent, pour ainsi dire, que des informations
administratives (comme Vitale). Mi-novembre 2013, seulement 402
000 DMP sont ouverts ! Ce chiffre est à rapprocher des 10 millions
de patients en ALD en France. Un rapprochement que la ministre de la
Santé a dû faire, puisqu’elle a annoncé un DMP 2 déployé en priorité
auprès des patients en ALD…
Reste que pour le DMP dans sa 1ère
version, les études préalables et les expérimentations mises en place
entre 2005 et 2009 ont coûté 210 millions d’euros. L’ASIP a consommé de
son côté 210 autres millions pour fonctionner et lancer ce DMP depuis
2009. Soit plus de 400 millions d’euros. Cela met le DMP à 1000 euros
l’unité actuellement !
Le partage d’informations fonctionnera
quand les professionnels pourront dire ce qu’ils veulent échanger et
qu’on leur proposera des solutions pérennes et simples. En attendant
l’argent public est dépensé sans rien produire. À qui profite vraiment
cette gabegie ? Certainement pas aux malades.
Jean-Christophe Nogrette Généraliste à Feytiat (87)
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Pratique
L’automédication : une alternative intéressante? Oui, mais pour qui ?
Les industriels du
médicament sont mécontents. Le PLFSS n’est pas en adéquation avec les
enjeux des entreprises du secteur. Pour faire des économies, le G5 santé,
qui rassemble les 5 principaux industriels du médicament français,
préconise de favoriser l’automédication,qui permettrait, selon ses
membres, d’économiser 1,7 milliard d’euros sur les comptes publics.
Cette mesure proposée est éminemment dangereuse pour la santé publique.
Malgré la vigilance de nos pharmaciens,
l’automédication institutionnalisée montrera vite ses limites en
aboutissant à des retards sur les diagnostics (constipation, ou toux, et
cancer), des interactions, des allergies (plus de 200 médicaments
contiennent de l’aspirine !), des erreurs de posologie, etc.
L’économie annoncée, risque donc de se transformer en déficit accru, n’en déplaise aux industriels.
Cette mesure n’apparaît donc intéressante ni pour nos patients, ni pour nous.
La prescription et le diagnostic doivent, sauf
exception, rester de la responsabilité du prescripteur. Comme la
délivrance est celle du pharmacien.
Jean Christophe Calmes Généraliste à Frontignan (34)
Chiffre du jour :
Voté en seconde lecture par les députés, le
Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2014
prévoit que 81,1 milliards d’euros seront consacrés aux soins de
ville, sur un total de dépenses arrêtées à 174,9 milliards pour l’an
prochain. Le Fonds d'intervention régional (Fir), devenu un
sous-objectif supplémentaire de l'Objectif national des dépenses de
l’Assurance-Maladie (ONDAM, fixé à + 2,4 %) s’élèvera à 3,2
milliards en 2014.
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Les 5 euros ne se ramassent pas encore à la pelle !
La rémunération des
forfaits MPA (Majoration Personne Agée), qui était due pour les mois de
juillet-aout-septembre, se fait toujours attendre : les caisses évoquent
des "difficultés informatiques" pour le rodage du dispositif. On
comprend que cela puisse être difficile pour elles de gérer cette
nouveauté conventionnelle... mais ce retard de paiement n’est pas
acceptable ! MG France met une pression régulière sur ce sujet. De
même, le forfait médecin traitant (MT) de 5 euros peine lui aussi au
démarrage. La MGEN a commencé à les payer avec plus d'un mois de retard
sur la CNAM. D'autres régimes n'ont même pas commencé à le faire !
Ne faudrait-il pas, comme avec les impôts, instituer une majoration de
5% au 1er jour de retard ? Novembre-décembre étant en plus des mois
difficiles pour les cabinets médicaux (taxes foncières, d'habitation,
CFE ....).
Gilles Perrin Généraliste à Grenoble (38)
Site du jour :
Généraliste en France
Un nouveau site, dénommé « Généraliste en France »
vient de voir le jour sur la Toile. Lancé ce mois de novembre par des
généralistes de plein exercice, il n’est pas un site d'actualité sur la
« santé », mais se propose de répondre à des besoins
d'informations spécifiques aux médecins généralistes en première ligne
des soins de proximité. Il apporte ainsi une parole et un regard
spécifiques de « généraliste » dans le concert des très
nombreuses informations "santé" dispensées sur l'Internet.
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